Ici à Digne, il est moins question de la nostalgie d’un temps révolu ou d’une adoration béate d’un paysage bucolique que d’une archéologie sensible du territoire. Une manière qu’a l’artiste d’explorer le lien si fragile qui existe, ici en particulier, entre le temps de l’homme et celui de la nature, à travers cet objet singulier qu’est l’herbier. L’herbier est donc cette collection de plantes séchées qui sert de matériel à l’étude des différentes espèces botaniques. Ce principe d’archivage et de fiction de paysage, synthétise l’idée d’une nature qu’elle explore au mois à deux niveaux. Au travers de sa temporalité d’une part et par la culture, dans tous les sens du terme, des horizons poétiques qu’elle promet d’autre part. Un imprimeur lithographe de sa connaissance parle de «rendre le papier amoureux» lorsqu’il l’humidifie et brosse son fil pour lui permettre d’être au plus sensible de sa fibre. On reconnaît ici la malicede l’artiste qui mobilise à des fins de créations les savoirs des personnes de rencontre, n’hésitant pas à entraîner avec elle les équipes, les usagers d’un lieu ou les habitants d’un village. Son projet est dans cette idée: un herbier estampe photosensible et partagé, en lien avec la quête arpenteuse et la spiritualité d’Alexandra David-Neel, d’où le titre enfin décrypté: Alexandra ou le papier amoureux!
Magali Gentet